Boko Haram et Crise Sécuritaire au Nigéria et au Cameroun

RICHARD FILAKOTA, Recteur de l’Université Catholique d’Afrique Centrale

Professeur de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (Institut Catholique de Yaoundé). Il est spécialiste des faits religieux (nouveaux mouvements religieux, islamisme, fondamentalisme religieux, néo-paganisme, syncrétisme religieux, etc.) et a publié un ouvrage sur Le renouveau islamique en Afrique noire : le cas de la Centrafrique (Le Harmattan 2009), suivis de plus d’une dizaine d’articles dans des ouvrages collectifs et dans des revues scientifiques.

Dans notre monde en pleines mutations, qui n’arrête pas de se globaliser, voire de se numériser, les disputes territoriales entre des forces politiques et religieuses, les crispations nationalistes et les passions religieuses se sont multipliées et se sont accentuées au cours de ces dernières décennies. Cet article se veut une approche sociopolitique de la problématique de l’insécurité qui sévit depuis le nord Nigeria jusqu’au nord Cameroun au cours de ces dernières années. Notre analyse s’intéresse davantage aux mobilisations nationales et Sous régionales des groupes dominants, autour de la question de l’insécurité transfrontalière, et à la résistance des groupes dominés, moyennant le recours à la force, à la pression, voire à la guerre asymétrique. Dans cette dialectique dominants/dominés, où s’effectue un rapport de force conventionnel et non conventionnel, à travers lequel dominent la violence légitime de l’Etat, selon Max Weber, et la violence religieusement légitimée des dominés, les premiers s’organisent pour sauvegarder leur légitimité et se maintenir au pouvoir, tandis que les seconds, animés par leur foi religieuse, aspirent à un changement socioculturel, voire politique. Au cœur de l’insécurité qui prévaut au nord Nigeria et qui déborde jusqu’au nord Cameroun, on assiste sans conteste, à une guerre à la fois asymétrique et conventionnelle autour de laquelle gravitent des logiques contradictoires et des enjeux géopolitiques et socioculturels.

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